Biographie
D’origine belge, Antoine Rose est un photographe autodidacte. Dès 8 ans, il manipule son premier appareil photographique et commence à expérimenter et sculpter la lumière à travers ses différents objectifs. Il développe une passion ardente pour la photographie à travers les différents voyages qu’il aime effectuer aux quatre coins du monde. Ayant suivi les formations requises et devenu moniteur fédéral de windsurf, sa passion de la mer et des sports de glisse le mena à devenir le photographe officiel de la coupe du monde de kitesurf durant plus de 5 ans. Il a suivi les différentes étapes du championnat d’Afrique
Du sud à Istanbul, Brésil, France… Antoine est un artiste ayant été publié à de maintes reprises et a également travaillé pour des multinationales dans le cadres de campagnes publicitaires mondiales. Dans ces dernières séries de photo, l’approche photographique d’Antoine Rose est devenue plus minimaliste, en essayant de convertir des scènes anodines de bord de mer, en œuvre d’art.
Série “up in the air”
Antoine Rose a commencé la série “up in the air” en 2002 lors d’une étape de la coupe du monde de kitesurf à Rio de Janeiro. C’est en survolant les plages de Copacabana que les premiers clichés de plages vu du ciel furent réalisés. Perfectionniste, il a développé et muri ce concept durant plusieurs années. Les tirages photographiques présentés dans le cadre le l’exposition solo à NY ont été prises aux abords des plages des Hamptons ont été exposés à New-York, Bruxelles, en France, à Hong-Kong, Italie, Royaume-Uni… la série a reçu un accueil exceptionnel du public américain.
Dans une interview, l’artiste nous explique les difficultés et la relative dangerosité des prises de vues aériennes: “photographier d’un hélicoptère, toutes portes enlevées entre 90 et 300 mètres au dessus du niveau de la mer, avec des brises parfois fortes et obtenir des photos suffisamment nettes pour pouvoir être développées en plus de 3 mètres de large est un réel challenge !” En effet, son travail est souvent tiré dans des grands formats, montés avec le procédé breveté Swisse Diasec® offrant des panoramas spectaculaires.
En rapport avec l’histoire de l’art, les sujets photographiés par Antoine Rose nous rappellent la fameuse série des “baigneurs” du peintre français post-impressionniste Cézanne. Il peut également rappeler le travail plus récent du photographe italien Massimo Vitali, qui est devenu mondialement célèbre pour ses images de bord de plage bondées. Cependant, Vitali opte pour un cadrage frontal plus classique, pris depuis la plage et laisse toujours apparaître une part de ciel. L’approche de Rose est très différente: les vues “vol d’oiseau” prises à très basse altitude impose une composition à 2 axes, l’océan et la plage, en excluant le troisième axe: le ciel. De plus certains cadrages spectaculaires ne comprennent que la plage.
Il y a toujours un contraste entre les compositions verticales ou horizontales : d’une part, le ressac irrégulier de l’océan -parfois calme ou tourbillonnant- dans une couleur bleu-vert, et la linéarité de la plage ou des petits personnages et objets colorés -tels que des parasols, des matelas de plage ou serviettes de bains- qui ajoutent une pléthore de variations chromatique naturelles et industrielles. A cause de la distance des sujets photographiés, ces éléments apparaissent comme de petits éléments géométriques ou pièces de puzzle dispersés sur le sable blanc-jaune étincelant, ou similaire à des motifs à pois imprimés sur une immense étoffe. Ces photos grands formats nous invitent à une deuxième lecture plus rapprochée et de s’immiscer dans la vie des acteurs. L’équipement utilisé pour les prises de vue permet un rendu des détails spectaculaire.
La représentation de “miniatures” transforme ces prises de vue aériennes en peintures abstraites et inscrit le travail d’Antoine Rose dans une approche artistique contemporaine minimaliste. L’artiste introduit une tension entre le réel et le virtuel, entre ce que l’on pense voir et ce que l’on voit, entre le visible et ce qui se cache.
En marge d’une dimension esthétique, la lecture des œuvres nous plonge dans une dimension anthropologique et sociologique. Des personnages partageant des attitudes communes, s’exposant comme des “troupeaux hédonistes”. La quiétude des individus nageant, surfant ou juste assis sur leur matelas de plage pourrait faire penser -vu la distance- à un insectarium. L’on pourrait également ajouter une connotation religieuse ou philosophique: ces vues d’oiseaux transforme les acteurs/spectateurs en touts petits points dans un espace infini, écrasés par l’immensité de l’océan, nous rappelant la légende biblique. Vu du ciel, à travers les yeux de dieu, la nature et l’homme coexistent dans un mélange d’harmonie ou de tensions.
Accrochés aux murs de la galerie les surfaces horizontales représentant l’océan et la plage sont positionnées dans un axe vertical, perturbant dès lors la vision frontale. Le processus d’adaptation mentale permet à l’audience de s’affranchir de cette contradiction et de se rendre compte que les photographies sont en fait des vues d’oiseaux. De cette manière, l’artiste compte sur la réceptivité et la participation active du public.